Chers amis...

La fête est finie. Mais qu’elle fut belle ! A ceux qui ont œuvré pour elle, merci ; oui, merci à la fine équipe de la place Ambuel; merci aux bénévoles dont la discrétion, la disponibilité et l’efficacité ont permis à tous de jouir d’instants précieux; merci aux artistes, bien sûr – mais surtout, merci à vous, qui avez offert au théâtre de Valère, à l’église des Jésuites ou à Notre-Dame des Glariers votre présence, vos regards bienveillants, vos oreilles attentives.

 

Après une première semaine éclatante, le Sion Festival a en effet réjoui un public en nette hausse, qui a pu profiter d’une programmation variée et de belle tenue.

C’est au quatuor humoristique MozART Group qu’a été attribuée l’ouverture de la deuxième semaine ; le comique décalé des quatre Polonais, jouant beaucoup de décalages stylistiques flirtant aimablement avec l’absurde – que donnerait le premier mouvement de la petite musique de nuit dans un arrangement country ? - a fait mouche et les rires ont fusé de bon cœur, plaçant d'emblée cette deuxième moitié de festival sous le signe de la convivialité.

Cette joie, les sept garçons de l’ensemble Philharmonix l’ont portée à un haut point d’incandescence car leur émerveillement et leur bonheur de la musique partagée s’est transmis à l’intégralité d’un public rapidement conquis ; il faut dire que ces artistes lumineux ont eu plus d’un argument en leur faveur : finesse d’un son magnifiquement maîtrisé, qualité d’arrangements légers mais toujours intelligents et spirituels, virtuosité technique - et surtout, cette amitié palpable et cette bonne humeur éperdument contagieuse.

Mercredi, la finale du concours de violon Tibor Junior a mis le point d’orgue à une aventure passionnante. La relève est assurée : le niveau des jeunes finalistes, déjà immensément professionnels, a en effet très favorablement impressionné les membres du jury (et il y avait là du beau monde !) comme le public. Après ce bain de jouvence, profondément enthousiasmant, le Festival proposait une rencontre avec des artistes confirmés, les cordistes de l’excellent Quatuor de Jérusalem. Ces musiciens profonds ont offert aux Sédunois une soirée intense, en deux rounds. Tout d’abord, la puissante abstraction intellectuelle du dernier Beethoven a pris vie sous les archets vifs, aux élans vigoureux, des quatre artistes. Puis, changeant totalement d’atmosphère et rejoints par l’espiègle soprano Hila Baggio, le groupe a proposé, en création mondiale, une pièce de l’Ukrainien Leonid Desyatnikov, « Yiddish ». On pouvait y entendre cinq chansons issues du répertoire des cabarets juifs de la Varsovie de l’entre-deux-guerres, dans une réécriture tout à la fois fidèle à l’esprit de dérision et d’ironie de ce genre parfois acide – et rééclairée par une touche de sophistication contemporaine. Parlant de création, une autre nouveauté a illuminé les soirées sédunoises : le touchant spectacle « con amore », de l’infatigable Gidon Kremer, accompagné par deux clowns confondants d’humanité, Julien Cottereau et Catherine Germain. Les barrières entre la scène et la salle ont été franchies avec une poésie délicieuse et c’est avec un plaisir non dissimulé  que cela s’est achevé par une danse générale, sous les balancements légèrement mélancoliques de grands ballons rouges…

Vendredi, à Monthey, c’est le flamboyant Roby Lakatos, entouré de musiciens virtuoses – dont un cimbaliste prodigieux – qui a fait rêver l’assistance, au son d’un « cabaret tzigane » festif et enlevé. Puis, après cette Hongrie de théâtre, énergique à souhait, c’est vers l’Italie que la roulote du Sion Festival a mis le cap, pour une belle soirée « da Monteverdi a Mina », proposée par l’ensemble Soqquadro Italiano et son chanteur attitré, Vincenzo Capezzuto. Au croisement des langages musicaux, se promenant sans cesse du premier baroque de Monteverdi et de ses contemporains à la pop mélancolique des années soixante, l’ensemble a cherché à exprimer quelque chose de son italianità. Pari tenu : cela fut italien, avec délice.  

Après ces concerts nombreux, panachés, passionnants, ne restait plus qu’à fermer la porte avec élégance et imagination. C’est à Roby Lakatos qu'imcomba cette tâche – dont il s’est acquitté de bonne grâce. Après une heure de musique débordante – où chanta une alouette poétique à souhait, c’est dans les rires et l’allégresse générale que fut mis un point final à une édition 2018 décidément lumineuse.Plus qu’une année avant la suivante !

D’ici-là, demeurez dans cette joie !

PS : si la vidéo ci-dessous ne s'affiche pas correctement, vous pouvez la consulter ici

Facebook